Sorbonne Universités (1), avec en particulier l’UPMC (Université Pierre-et-Marie-Curie), prépare à sa manière la conférence internationale sur le climat qui doit se tenir à la fin de l’année à Paris. Jusqu’en décembre, la Comue (Communauté d'universités et établissements) parisienne se mobilise pour fournir quotidiennement des clés de compréhension sur le changement climatique, dans toutes ses dimensions. Avec une série d’initiatives destinées à de multiples publics : la communauté scientifique, le monde industriel et économique, les étudiants, les élèves du primaire ou des lycées et collèges, et enfin - ce n’est pas le moins important - "Monsieur Tout le monde". Pour l'occasion, une immense bâche illustrée par le dessinateur Yak et son fameux Elyx, a été déployée à l’entrée du campus Jussieu de l’UPMC. Un site web (http://www.demainleclimat.fr) présente la liste complète de ces événements, ainsi que des comptes rendus des échanges et des publications.
Trois temps forts à souligner parmi ceux-ci. D’abord, le colloque “Seine 21”, les 19 et 20 mai prochains : organisé par les étudiants, il est destiné aux entreprises et aux collectivités locales. Ensuite, le 27 mai, une rencontre avec des élèves du primaire, de collèges et de lycées, pour une animation scientifique. Sans oublier la Fête de la science, en octobre prochain, dédiée cette année au climat. Cette année 2015 se clora par une école thématique destinée aux étudiants et doctorants à l’Atrium café de l’UPMC et par une conférence internationale « Santé et environnement urbain », en partenariat notamment avec l’université de Columbia.
Il est vrai que, sur le climat, Sorbonne Universités, et en premier lieu l’UPMC, dispose d’une force de frappe à peu près sans équivalent en France. Au total, quelque 2.000 experts en sciences du climat et en environnement peuvent apporter leur éclairage, à partir de différentes disciplines - géosciences, écologie, économie, urbanisme, santé… De quoi faire de cet ensemble un des leaders mondiaux sur la question du réchauffement climatique.
“Nous avons plusieurs laboratoires qui traitent de ce sujet, sous des angles différents, indique Loic Segalen, Responsable à l'UPMC de la faculté Terre-Environnement-Biodiversité (TEB). Certains de ces labos sont associés à la Fédération de recherche Pierre-Simon Laplace, qui est hébergée à l’UPMC. Nos chercheurs travaillent notamment sur la modélisation des phénomènes climatiques. Plusieurs d’entre eux participent directement aux travaux du GIEC. Nous avons une expertise reconnue sur toutes les questions liées à l’environnement, et notamment sur la biodiversité.”
Pour Sorbonne Universités, l’objectif est triple. Il s’agit bien sûr, d’affirmer son expertise scientifique et sa légitimité sur un sujet placé sous le feu des projecteurs. “Nous avons des équipes conséquentes d’enseignants-chercheurs et de thésards, nous formons de nombreux étudiants, nous produisons et diffusons des connaissances de haut niveau, souligne Loic Segalen. C’est notre mission première.”
L’opération vise aussi, en interne, à mobiliser l’ensemble de la communauté académique, à commencer par les étudiants - sur la question climatique.
Mais une autre ambition est tout aussi importante : réaffirmer la place de l’université dans la société, rappeler (on a parfois tendance à l’oublier) qu’elle ne vit pas sur une autre planète. Une bonne partie des événements programmés par la Comue (et en particulier les 18 conférences du cycle “Sciences à Coeur”, deux jeudis par mois) sont en effet destinés au grand public - c’est l’une des originalités de l’opération. “Beaucoup de nos travaux peuvent intéresser l'ensemble des citoyens, car les enjeux sont majeurs pour la société, assure Loic Segalen. Il est très important de permettre au plus grand nombre de comprendre ces enjeux et de se repérer.” Il est rare qu'une mobilisation d'une telle ampleur soit consacrée à la vulgarisation scientifique.
Au passage, l'initiative de Sorbonne Universités fournit ainsi l’occasion d'une réflexion sur la place et le rôle de l’enseignement supérieur dans notre société, et sur la manière dont s’organisent les grands débats sur des sujets scientifiques. Elle contribue à ne pas laisser la réflexion et la décision aux mains des seuls experts et politiques. Et soulève ainsi, de façon salutaire, de vastes questions sur les enjeux démocratiques de la science, dans une période où l'obscurantisme gagne du terrain.
(1) Sorbonne Universités est composé de l'UPMC, l'université Paris-Sorbonne, l’université de technologie de Compiègne (UTC), l’Insead, le Museum national d’Histoire naturelle, le Centre international d’études pédagogiques, le Pôle supérieur d’enseignement artistique Paris-Boulogne-Billancourt, le CNRS, l’Inserm, l’Inria et l’IRD.