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Cours en anglais et promotion de la francophonie ne sont pas inconciliables

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Retour sur une question toujours d'actualité - celle des enseignements en anglais dans les universités. Avec un exemple de ce qu'il est possible de faire pour concilier la promotion - et non la défense - de la langue et de la culture françaises avec les impératifs d'un monde académique ouvert. Dans lequel la langue de travail est de plus en plus, qu'on le veuille ou non, l'anglais.

Prenons donc le cas de la Toulouse School of Economics - reconnaissons-le, on peut discuter du choix de ce nom. Rattachée à l'université Toulouse 1-Capitole, elle est l'une des institutions hexagonales les plus réputées à l'international. Ses travaux sur l'économie industrielle, notamment, sont reconnus partout dans le monde. Bien décidée à figurer dans les institutions "qui comptent" à l'échelle européenne et mondiale, la TSE s'efforce d'attirer des étudiants étrangers brillants et, côté professeurs, des "pointures" de niveau international.

Mais voilà : pour attirer les uns et les autres, il faut des cours en anglais. C'est ce que fait donc la TSE : à compter du niveau master, 90 % de ses enseignements sont dispensés dans la langue de Shakespeare. Ses publications (revues, journaux internes) sont aussi rédigés, pour une bonne part, en anglais. Et l'école compte désormais un solide contingent de professeurs étrangers, dont beaucoup de non francophones.

"Nous avons adopté une démarche pragmatique, explique Joël Echevarria, le directeur délégué de la TSE. La défense de la francophonie n'est pas notre mission première, même si nous ne nous en désintéressons pas. Mais faire venir des talents à Toulouse, c'est aussi contribuer au rayonnement de notre institution et de notre pays hors de France. Et si on veut être publié, aujourd'hui, dans une revue cotée, il faut écrire en anglais."

Matches de rugby et initiation à la gastronomie Mais l'école ne se contente pas de recruter des professeurs étrangers. A leur arrivée, c'est un véritable "sas d'intégration", étalé sur six mois, qu'elle leur propose. Avec un programme qui vise à leur faire connaître et apprécier la culture locale et hexagonale. Une façon de leur "donner envie" de se mettre au français. Les enseignants internationaux (ainsi que leur conjoint) se voient ainsi proposer des cours de langue française, mais aussi une découverte des spécificités et des plaisirs du Sud-Ouest. avec notamment :

-invitations à des matches de rugby ;

-initiation à la gastronomie, avec notamment une "session" consacrée au foie gras (préparé par un cuisinier japonais...);

-visites de vignobles de la région de Gaillac

"L'objectif est qu'ils se sentent bien chez nous, et qu'ils aient envie d'y rester longtemps", précise Joël Echevarria.

Le résultat ? Certains s'intègrent parfaitement, et se mettent rapidement à parler français. Quelques-uns finissent même par manier à la perfection la lanque de Molière. D'autres sont moins allants. Tous, en tout cas, garderont une bonne image de la région et de notre culture. Même s'ils ne deviennent pas francophones, tous auront acquis des rudiments de notre langue et se seront familiarisés avec notre culture. Et sans doute auront-ils envie de revenir. La plupart feront d'excellents "ambassadeurs" de notre pays.

Sans doute pourrait-on aller encore plus loin. Et par exemple, proposer des cours de français spécifiquement axés sur la vie courante, combinés à une ouverture sur l'histoire et la culture française. Ou concevoir un enseignement spécifiquement pensé pour des enseignants étrangers non francophones. Ce type d'enseignement pourrait être commun à plusieurs institutions d'une même ville ou d'une même région... L'important étant de sortir des débats stériles et de d'imaginer des solutions bien pensées, qui s'appuient sur les atouts et les attraits dont notre pays dispose.

 


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