Dauphine multiplie les initiatives à l'international. L'université parisienne, qui a annoncé il y a quelques semaines l'ouverture d'une antenne à Londres pour sa licence d'économie-gestion, vient de signer une alliance étroite avec Singapore Management University (SMU) dans le domaine des sciences des organisations. Au programme, échanges d'étudiants, mobilité des enseignants-chercheurs, lancement de doubles diplômes et de cursus intégrés, échanges de bonnes pratiques...
Un accord de plus, dira-t-on, comme il en existe des milliers dans l'enseignement supérieur. Erreur. Car l'initiative va beaucoup plus loin. Les deux partenaires entendent en effet constituer un club d'universités d'excellence en sciences des organisations. Une alliance internationale d'un nouveau type.
"Nous avons une grande proximité avec SMU, souligne Laurent Batsch, le président de Dauphine. D'abord par l'éventail des disciplines que nous avons en commun : management, économie, droit, sciences sociales, informatique. Nous nous recoupons sur presque tout - à l'exception des mathématiques appliquées qui sont une des spécificités de Dauphine. Et surtout, nous partageons la même vision "holistique" de notre mission. Nous cherchons à apporter une formation académique de haut niveau, fortement étayée par la recherche. Notre ambition n'est pas de former des "praticiens", mais des cadres dirigeants, capables de maîtriser les risques et d'évoluer dans des environnements complexes. Enfin, nous avons le même modèle original, avec un champ disciplinaire plus large que les businesss schools traditionnelles, mais qui n'est pas pour autant aussi divers que les universités généralistes. C'est un positionnement original, que partagent quelques institutions dans le monde." Sans compter que les deux établissements, qui pratiquent un recrutement sélectif, sont de taille comparable : 8.000 étudiants pour SMU, 11.000 à Dauphine.
Priorité à la recherche
SMU, de son côté, est une jeune université (elle a été créée en 2000) qui bénéficie d'une excellente réputation en Asie. Forte de six facultés, elle est particulièrement en pointe pour l'économétrie, la finance et le "big data". "Comme Dauphine, nous sommes une université qui accorde une place très importante à la recherche, observe Arnoud de Meyer, président de SMU (et ancien directeur de l'Insead à Singapour). Nous sommes aussi très complémentaires, ne serait-ce que par notre situation géographique. Nous allons pouvoir nous épauler mutuellement, tant pour l'enseignement que pour la recherche ou les services."
Avec cette alliance, les deux partenaires envisagent notamment de rayonner ensemble à l'international, et de recruter des étudiants de pays tiers. Pour les élèves de Dauphine, l'accord ouvre ainsi de nouvelles opportunités de mobilité - sans pour autant générer de frais de scolarité supplémentaires.
Mais cet accord bilatéral n'est qu'une première étape vers la constitution d'un réseau plus large, qui pourrait compter, à terme, de 5 à 10 institutions. Des pourparlers sont en cours, et de nouveaux accords pourraient être annoncés dans les prochains mois - par exemple en Amérique du Nord ou en Europe. "Mais nous sommes avant tout pragmatiques, prévient Laurent Batsch. Nous avançons pas à pas. Hors de question de précipiter les choses." Déjà, de premières initiatives concrètes ont été menées à bien - comme une première conférence commune sur les fonds souverains. Et fin février, les responsables des différents centres de recherche des deux institutions se réuniront à Singapour.
Pour Dauphine, l'accord avec SMU marque en tout cas une nouvelle avancée significative dans son développement international. "Il s'agit là d'une de nos priorités stratégiques, rappelle Laurent Batsch. Nos chercheurs sont déjà tous dans des réseaux internationaux, et publient dans des revues réputées. Nous offrons de plus en plus d'enseignements en anglais, et nous attirons de plus en plus d'étudiants étrangers. Nous avons, en quelques années, doublé le nombre de nos élèves en échange. Et plusieurs de nos programmes sont dispensés à l'étranger, par exemple en Chine, au Vietnam, au Liban... " Sans oublier l'Executive MBA avec l'UQAM à Montréal et le campus de Tunis, ouvert en 2009. Dauphine, la plus internationale des universités françaises ?